Laissez-vous le choix à votre chien ?

En voyant le titre de cet article, vous vous demandez peut-être « Leur laisser le choix ? C’est quoi cette histoire ? ». Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous dire de laisser votre chien prendre votre part de pizza. Néanmoins, la notion de choix est importante chez le chien. Pour s’épanouir, il a besoin d’exercer un certain contrôle sur son environnement. Lui laisser la liberté de faire ses choix dans diverses situations lui est donc bénéfique.

Qu’est ce que la liberté ?

Goldiamond (1976), définit le degré de liberté comme le nombre de choix que l’on donne à l’animal moins 1.

Prenons l’exemple dans lequel nous demandons à notre animal une action en échange d’une récompense. Ses possibilités sont donc, soit d’exécuter la commande et obtenir la récompense, soit de ne pas l’exécuter et de ce fait ne rien obtenir. Pour avoir cette récompense, il n’a donc qu’une seule alternative. Le degré de liberté est donc à 0. Le chien a été contraint d’appliquer ma demande pour avoir une récompense. On peut donc dire qu’il n’a pas eu de possibilité de choix.

Laisser le choix à votre compagnon peut s’appliquer dans plusieurs situations dans la limite de sa sécurité. En voici quelques exemples :

En balade

Il est possible de laisser le chien choisir la direction que l’on va prendre (droite, gauche, tout droit). S’il souhaite poursuivre la balade alors qu’on arrive à la fin ou, au contraire, s’il veut faire demi-tour au milieu. Cela s’applique également s’il souhaite rester plus longtemps à renifler cette odeur méga intéressante qui se trouve sur ce poteau…

A la maison

Des codes de communication ont été instaurés entre mes chiens et moi : « tu veux sortir ? », « tu veux rentrer ? ». S’il n’y a pas de réaction, alors cela signifie qu’ils souhaitent rester à l’endroit où ils se trouvent (dans la maison ou dans le jardin). Vous pouvez également proposer plusieurs lieux de couchage en disposant des paniers/coussins dans différents endroits afin de permettre au chien de choisir l’endroit où il souhaite se reposer. Si vous proposez des activités masticatoires, il vous est aussi possible de laisser votre compagnon choisir celle qu’il souhaite mastiquer. Par exemple le laisser désigner quel bois de cerf il souhaite prendre entre tous ceux que vous lui proposerez. Cela peut
s’appliquer entre plusieurs « ingrédients » (que choisira-t-il entre la peau de cerf, le fromage de yack… ?).

Lors des interactions

Beaucoup de chiens subissent les contacts qu’il y a entre eux et leurs humains. En effet, beaucoup n’aiment pas les caresses ou bien être enlacé. De mon côté, j’ai établi un code avec Maïko et Sky : quand ils sont couchés, j’ouvre les bras, s’ils basculent sur le côté et lèvent les pattes en montrant leur ventre, c’est qu’ils souhaitent des gratouilles à cet endroit. S’il n’y a pas de réaction de leurs parts, c’est qu’ils ne souhaitent pas d’interaction. Dans ce dernier cas, je respecte leur choix et les laisse tranquille. Vous pouvez également arrêter l’interaction de temps en temps afin de voir si le chien en veut encore ou s’il en a eu assez.

Lors des soins

Il est désormais possible de participer à des formations « Soins coopératifs ». Ces formations permettent de nous apprendre les protocoles pour réaliser des soins avec l’accord du chien. Cela peut concerner, le simple brossage, le nettoyage des oreilles, le changement d’un pansement… La notion de choix dans ce domaine est vraiment très intéressante car elle permet de réduire considérablement le stress de l’animal lors des différents soins. Les tâches deviennent donc plus simples pour tout le monde.

Pendant les séances d’éducation

Il est important de laisser le chien faire des pauses quand il en ressent le besoin. Respecter ce besoin lui permettra de garder sa motivation pour les apprentissages.

Attention aux récompenses qui peuvent priver votre compagnon de choix. Je ne dis pas qu’il faut arrêter de donner des récompenses. Je m’explique : si vous demandez de faire un exercice en leurrant avec une friandise : soit il suit votre indication et obtient la récompense, soit il n’obtient rien. Le chien n’a donc pas vraiment de choix. Il suivra généralement la voie de la récompense en se faisant influencer par la friandise mais cela ne signifie pas que c’est ce qu’il souhaite faire. Si je prends un exemple humain ; si quelqu’un me dit, « prend cette Tarentule dans ta main », je vais refuser sans hésiter et vais préférer faire le choix de m’en aller. Maintenant si cette personne me dit, « prend la tarentule sur ta main et je t’offre 100 000€ ». La récompense va influencer mon choix, je vais prendre la tarentule
mais malgré tout, je n’en ai pas envie ! Ici, les poids mis sur la balance entre prendre l’araignée ou partir n’étaient pas équitables. Je n’ai donc pas vraiment eu de choix que d’accepter la proposition.

En séance d’éducation, pour pallier cela, nous aborderons l’apprentissage de « la porte de sortie ». Cette porte de sortie permettra à votre compagnon d’indiquer qu’il souhaite une pause. Elle offrira un choix supplémentaire à votre chien :

• Choix 1 : il fait l’exercice, il obtient une récompense
• Choix 2 : il ne fait pas l’exercice, il n’obtient pas de récompense
• Choix 3 : il va à « la porte de sortie », il obtient une récompense et on fait une pause

Grâce à cela, il pourra exercer un contrôle sur l’environnement, on évitera le surmenage grâce aux temps de pause qu’il demandera et il sera plus motiver lors de la reprise des exercices.

Vous l’aurez compris, la notion de choix chez le chien est très importante dans la mesure où sa sécurité n’est pas compromise.